Une illustre famille de Duravel a donné des héros dont un autre Pierre Alexis Duclaux en est un fier
exemple...
Du soleil d'Austerlitz à la mairie de Monsempron.
En 1830, après les « trois glorieuses » et l'avènement de Louis Philippe Ier comme Roi des français, sous l'impulsion de
Guisot qui est alors ministre de l'intérieur, la quasi-totalité des maires de France est remplacée. Soit ils sont révoqués, soit ils sont « fermements incités » à présenter leur
démission .
Le maire de Monsempron, Pierre Alexis Duclaux, n'échappe pas à la règle ; Maire depuis prés de quatre ans, il en conçoit une
profonde amertume et croit utile de rappeler ses états de services au Préfet de Lot et Garonne en lui envoyant sa lettre de démission le 20 septembre 1830.
Ce sont ses états de services exceptionnels qui méritent de ne pas sombrer dans l'oubli.
Pierre Alexis Duclaux naît à Duravel, dans le Lot, le 3 janvier 1786 et est tenu sur les fonts baptismaux par son frère
et sa sœur aînés. Issu d'une famille de notables (son oncle est juge royal de Duravel), il est le fils de Guilhaume Duclaux, notaire royal, qui décède à Duravel le Ier ventôse an III
( 20 février 1795) alors que Pierre Alexis est à peine agé de 9 ans. Deux ans plus tard c'est sa mère, Marguerite Valat, qui décède à son tour le 14 germinal an V (3 avril 1797).
Orphelin alors qu'il vient d'avoir 11 ans, Pierre Alexis Duclaux choisit, dés qu'il le peut, le métier des armes. C'est ce qu'il écrit
au Préfet de Lot et Garonne : « Je n'avais pas attendu l'âge de la conscription pour prendre les armes. A quinze ans, le 16 floréal an X (6 mai 1802) je fus reçu dans le
12°régiment de chasseurs à cheval ». C'est le début d'une carrière militaire de 13 ans qui le conduira, à travers toute l'Europe, sur les principaux champs de batailles de l'épopée
napoléoniene.
Soldat certainement valeureux, il obtient ses premiers galons de brigadier dés l'année suivante ( « en l'an onze »)
alors qu'il a tout juste 17 ans, puis celui de maréchal des logis « en l'an treize ». C'est à cette époque aussi qu'il participe avec son régiment à la bataille d'Austerlitz
le 2 décembre 1805, puis à celle d'Auerstadt l'année suivante.
Sa carrière se poursuit brillamment et le 6 mai 1808 il est « admis grenadier à cheval de la garde » avant
d'être nommé brigadier le 1er octobre 1808 et fourrier le 3 juillet 1809.
Le 15 octobre 1809 il quitte ce prestigieux régiment pour rejoindre le 11e régiment de cuirassiers ou il est nommé Sous-lieutenant.
C'est avec ce régiment qu'il participe aux batailles d'Eckmühl, Ratisbonne et Essling en 1809. Il y a, en fait, rejoint son cousin de dix ans plus âgé que lui qui, fraîchement nommé Colonel, vient
d'en prendre le commandement. Ce cousin, qui s'appelle Pierre Alexis Duclaux comme lui, fera d'ailleurs une carrière tout à fait exceptionnelle puisqu'il sera fait Baron d'Empire l'année suivante et
Général de brigade en 1813.
En 1812, c'est la campagne de Russie et, le 7 septembre, la bataille de la Moskova au cours de laquelle il est blessé et « ou
deux chevaux furent tués sous moi ». Certainement rapidement rétabli il entre dans Moscou avec la Grande Armée le 14 septembre, « sur les traces d'un ennemi vaincu évitant, à la
faveur d'un affreux incendie, une plus affreuse catastrophe ».
Aprés l'incendie de Moscou par les Russes eux-mêmes sur ordre du gouverneur Rostopchine, c'est la retraite et dramatique passage de la
Bérézina du 25 au 29 novembre. Le 31 décembre il est « blessé de nouveau, démonté et fait prisonnier de guerre pendant la retraite de Russie ». Il ne
rentre « des prisons de guerre » que deux ans plus tard, le 14 novembre 1814 et il est comblé d'honneurs : « je fus envoyé comme député par mon régiment au
Champ de Mars, élevé au grade de Lieutenant et décoré de la Croix de la Légion d'Honneur ».
Il avait été « maintenu en activité lors de la réorganisation opérée le 1er aout 1814 », c'est à dire lors de la
première restauration, et participe, avec son régiment de Cuirassiers, aux actions de la période des cent jours ; en particulier à la bataille de Ligny et à celle de Waterloo aprés laquelle il
est « licencié avec le régiment le 15 octobre 1815 ».
Il n'a pas encore 30 ans lorsque, un des rares rescapés de tant d'aventures, il est rendu à la vie civile.
Quelques années plus tard il est installé à Libos ou il épouse, le 3 novembre1824, Suzanne Noirit, fille de Charles Gratien Noirit et de
Hélène Thérèse Sarpy. L'acte de mariage précise qu'il est alors : « Officier de cavalerie en non activité ».
Deux ans plus tard, le 30 décembre 1826, il est nommé Maire de Monsempron et il est vraiment regrettable qu'il n'existe aucune archive
permettant de se faire une idée de son action à la tête de la commune.
Un bonheur ne venant jamais seul. Son fils, qu'il prénomme aussi Pierre Alexis, naît deux mois plus tard à Libos, le 22 février
1827.
On peut aisément comprendre toute l'amertume de cet homme de 44 ans, grand serviteur de son pays, licencié de l'armée, qui assure encore
au Préfet, en lui envoyant la démission qu'il avait exigée de lui pour des raisons purement politiques : « Je n'ai rapporté que mon individu et la gloire d'avoir tout perdu, mais
le sang qui coule dans mes veines et le désir de le verser sur de nouveaux champs de bataille si le Roi des français daigne m'affranchir de cette inactivité... ».
Il obéit néanmoins pour le bien de son pays : « Mais la trompette guerrière à sonné et je vole me ranger sous les
drapeaux de la liberté. Voilà les motifs qui me font vous prier d'agréer ma démission » ...tout en indiquant qu'il avait accompli ses fonctions avec la plus grande honnêteté
politique : « Cependant , Monsieur le Préfet, les fonctions de Maire auxquelles j'ai été élevé dans lacommune de Monsempron, n'ont reçu de mon inactivité aucune influence
capable d'altérer mon dévouement pour le maintien de l'ordre public et le respect des personnes et des propriétés ».
Laissant son fils faire souche à Libos, il se retire dans son village natal, Duravel, ou il
meurt, « Officier en retraite, Chevalier de la Légion d'Honneur », le 16 novembre 1855 à 5 heures du soir. Il allait avoir 70 ans.
Tel fut Pierre Alexis Duclaux, héros des campagnes napoléonienes et maire de Monsempron de 1827 à 1830.