LA CRYPTE

 

Au centre du bourg le sous-sol de l'église de Duravel recèle une crypte d'origine très ancienne, au caractère unique en Quercy. L'agencement du monument, ses colonnes et chapiteaux, leurs motifs décoratifs, sont typiques d'une création pré-romane ayant fait l'objet de modifications aux XIe et XIIe siècles.

 

L'ordonnance architecturale comporte une salle hypostyle, voûtée, de plan carrè d'environ 4,74 m de côté. La hauteur sous-clef est de 2,50 à 2,70 m . Les murs sont d'inégale épaisseur, de 1 mètre à 1,70 m ; leur partie haute, au-dessus de 2 m, n'a pas le même appareil; le mur latéral nord a été taillé dans le rocher. Dans la paroi orientale une niche rectangulaire de 1 m de profondeur pour 1,25 m de largeur a été creusée. Elle est susceptible d'avoir abrité des reliques de dimensions correspondantes.

 

Les murs latéraux sud et nord incorporent chacun deux fenêtres à double ébrasement, conçues pour s'ouvrir vers l'extérieur . On en déduit qu'à l'origine la crypte était, pour le moins, partiellement hors de terre. L'accès et la sortie s'effectuaient par deux escaliers latéraux coudés, vôutés et étroits (0,70 m de large). Un compte-rendu de 1865 rapporte que les fenêtres étaient alors murées. Les escaliers latéraux étaient complètement obstrués, donnant à imaginer des parcours secrets. Un escalier central recouvert d'une trappe leur fut substitué à une date inconnue.

 

L'emplacement de la crypte au sol par rapport à l'église romane qui la surmonte est inhabituel. Sa position sous la croisée, donc nettement en avant du choeur, montre l'antériorité de la crypte. Le fait est aussi démontré par la disposition de certaines de ses colonnes. Sur les quatorze qu'elle compte, les quatre du centre sont plus récentes et massives, ayant été installées ultérieurement afin de renforcer la vôute supportant le dallage de la nef et du transept de l'église. Ces quatre colonnes divisent l'espace en trois vaisseaux. La largeur du vaisseau central est de 1,07 m. Plus anciennes, les dix autres colonnes sont réparties symétriquement sur le pourtour, le long des murs. Les fûts, les socles et les chapiteaux révèlent qu'il s'agit de remploi. Les bases trop larges de quatre à cinq centimètres s'adaptent mal aux fûts des colonnettes, souvent monolithes, de 0,95 à 1 m de hauteur. Les chapiteaux sont de types et de dates diverses. Ces pièces font s'interroger sur l'antiquité des monuments d'oû elles proviennent.

 

Le répertoire décoratif des chapiteaux du pourtour est varié, d'inspiration corinthienne pour certains, de style capétien pour d'autres. Sept sur dix présentent deux faces sculptées sur trois visibles. Deux sont à base de rinceaux et flammes, ruban perlé et torsade. Un autre offre à voir un décor de vannerie, une tresse de quatre entrelacs à trois brins. Les motifs de grandes feuilles nues aux angles et de volutes se retrouvent sur plusieures faces. D'autres montrent un genre de corbeille haute et étroite. La base d'une colonne se remarque pour être haute et tronconique, agrémentée de vaguelettes et de frise. Deux colonnes côté nord se distinguent par les motifs complémentaires de leurs chapiteaux et de leurs bases : sur les premiers sont sculptés des paons faisant la roue, sur les secondes sont en relief des serpents enroulés . Cette représentation a été considérée pour être évocatrice d'un art funéraire oû s'affrontent la mort et l'immortalité très répandu dans le haut Moyen-Age .

 

Restée pendant longtemps oubliée la crypte fut redécouverte au XIXe siècle et classée monument historique par un arrété du 3 septembre 1912. Des travaux de restauration ont suivi, favorisant la fréquentation d'un lieu oû se décèle encore une atmosphère d'antan. Ses caractéristiques l'intègrent parmi les rares oeuvres d'origine pré-romane ayant été préservées dans nos régions. A Duravel, cette crypte illustre un moment de son histoire entre la fin de la cité gallo-romaine et le commencement de la ville médiévale.

 

BIBLIOGRAPHIE

-Rouméjoux (de) : < Notice sur l'église de Duravel > . Congrès archéologique de France . XXXII session, juin 1865.

-Raymond Rey : <L'église de Duravel en Quercy > . 1917.

-Louis D'Alauzier : < La crypte de Duravel > . Annales du Midi . Avril-juin1974.

-Nelly Pousthomis-Dalle : < L'église de Duravel > . Société Française d'Archéologie, congrès du Quercy, 1993 .